sábado, 27 de enero de 2024

Gaza / Israël : quelques réflexions concernant l'ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ)

 


Gaza / Israël : quelques réflexions concernant l'ordonnance de la Cour Internationale de Justice (CIJ)


Nicolas Boeglin, Professeur de droit international public, Faculté de droit, Université du Costa Rica (UCR). Contact : nboeglin@gmail.com.

Note de l´auteur: une version en espagnol est également disponible ici.


Le 26 janvier 2024, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a rendu son ordonnance, répondant à la demande urgente en indication de mesures conservatoires déposée par l'Afrique du Sud contre Israël le 29 décembre 2023 : le texte de l'ordonnance de la CIJ du 26 janvier peut être consulté ici en anglais et en français.

Il convient de noter à ce stade que cette ordonnance est une décision de nature préliminaire, rendue par le juge de La Haye, en attendant le jugement ou l'arrêt sur le fond, qui ne sera rendu que dans quelques années par le juge de La Haye.



Bref rappel

Les conclusions finales de l'Afrique du Sud  figurent aux pages 83-84 de son intervention devant les juges à La Haye le 11 janvier et comprennent au total 9 points (voir texte). Les conclusions finales d'Israël demandant le rejet de cette demande se trouvent à la page 75 de son intervention devant les juges le 12 janvier 2024 (voir texte). 

Il est intéressant de noter que lors de ces audiences tenues les 11 et 12 janvier, le Chili a envoyé son plus haut représentant à La Haye et l'a fait savoir dans un document diffusé (voir communiqué officiel du 11 janvier). Moins d'une semaine plus tard, avec le Mexique, le Chili a demandé à un autre organe juridictionnel basé à La Haye, la Cour Pénale Internationale (CPI), de déférer d'urgence la situation à Gaza au Bureau du Procureur de la CPI (voir le communiqué officiel du Chili et le communiqué du Mexique, tous deux datés du 18 janvier 2024) : nous avons eu l'occasion d'analyser les deux communiqués officiels en détail (Note 1), soulevant au passage l'inaction et le mutisme observés de la part des 122 autres Etats parties au Statut de Rome.



Le contenu de l'ordonnance de la CIJ en bref

Dans le texte de son ordonnance publiée le 26 janvier (dispositif adopté avec 15 voix pour, dans sa quasi-totalité, paragraphe 86), la CIJ déclare que :

"1) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission, à l’encontre des Palestiniens de Gaza, de tout acte entrant dans le champ d’application de l’article II de la convention, en particulier les actes suivants : 

a) meurtre de membres du groupe ; 

b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; 

c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et 

d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; 


2) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit veiller, avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun des actes visés au point 1 ci-dessus ; 


3) Par seize voix contre une, 

L’État d’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ; 


4) Par seize voix contre une, 

L’État d’Israël doit prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ; 


5) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit prendre des mesures effectives pour prévenir la destruction et assurer la conservation des éléments de preuve relatifs aux allégations d’actes entrant dans le champ d’application des articles II et III de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide commis contre les membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ; 


6) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit soumettre à la Cour un rapport sur l’ensemble des mesures qu’il aura prises pour donner effet à la présente ordonnance dans un délai d’un mois à compter de la date de celle-ci. 

../..

(1) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall, in accordance with its obligations under the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, in relation to Palestinians in Gaza, take all measures within its power to prevent the commission of all acts within the scope of Article II of this Convention, in particular: 

(a) killing members of the group; 

(b) causing serious bodily or mental harm to members of the group; 

(c) deliberately inflicting on the group conditions of life calculated to bring about its physical destruction in whole or in part; and 

(d) imposing measures intended to prevent births within the group;


(2) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall ensure with immediate effect that its military does not commit any acts described in point 1 above ; 


(3) By sixteen votes to one, 

The State of Israel shall take all measures within its power to prevent and punish the direct and public incitement to commit genocide in relation to members of the Palestinian group in the Gaza Strip ; 


(4) By sixteen votes to one, 

The State of Israel shall take immediate and effective measures to enable the provision of urgently needed basic services and humanitarian assistance to address the adverse conditions of life faced by Palestinians in the Gaza Strip; 


(5) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall take effective measures to prevent the destruction and ensure the preservation of evidence related to allegations of acts within the scope of Article II and Article III of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide against members of the Palestinian group in the Gaza Strip; 


(6) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall submit a report to the Court on all measures taken to give effect to this Order within one month as from the date of this Order". 

 

De quelques détails 

Il est très inhabituel que le (ou la) Président(e) de la CIJ se réfère expressément, lors de la lecture du résumé d'une décision telle que l'ordonnance du 26 janvier 2024, au contenu précis de déclarations officielles, telles que les déclarations israéliennes glaçantes entendues depuis le 7 octobre : dans la gestuelle extrêmement formelle et parfois très parcimonieuse des juges de la CIJ, ce premier détail n'est pas passé inaperçu aux yeux de nombreux observateurs internationaux.  De plus, s'agissant d'une juge nord américaine, ce signal envoyé depuis la présidence de la plus haute instance judiciaire des Nations Unies peut être considéré comme particulièrement clair. 

On se souvient que la requête de l'Afrique du Sud soulevait comme premier point (sur les neuf contenus dans sa requête) un cessez-le-feu immédiat, comme nous avons eu l'occasion de l'analyser dans une note précédente lors de la présentation de cette requête en décembre 2023 (Note 2).La difficulté était pour les juges de La Haye d'ordonner un cessez-le-feu entre deux parties, dont une seule était assise sur le banc des accusés du Palais de la Paix de La Haye. Par définition, un cessez-le-feu s'applique à deux belligérants et non à un seul.  

La CIJ n'a pas expressément accédé à cette demande. Certains juristes et editorialistes (notamment en Isräel mais aussi aux Etats Unis et en Europe) ont pu alors interpréter la CIJ comme autorisant alors Israël à poursuivre ses actions militaires à Gaza, qui ont déjà fait près de 26 000 morts et plus de 64 000 blessés selon le dernier rapport de situation des Nations Unies en date du 25 janvier (voir texte du rapport). Cependant, l'alinéa 2 du paragraphe 86 du dispositif restreint cette interprétation littérale, la CIJ déclarant qu'il y a une immédiateté ordonnée à Israël :

"(2)L’État d’Israël doit veiller, avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun des actes visés au point 1 ci-dessus  /.../  The State of Israel shall ensure with immediate effect that its military does not commit any acts described in point 1 above"  (les italiques sont tres). 

Il convient de noter qu'en ce qui concerne une demande similaire - mais non identique - de l'Ukraine en février 2022, cette même demande de cessation des opérations militaires avait été expressément acceptée et inclue dans l'ordonnance du 16 mars 2022 adoptée par la CIJ (voir le texte de l'ordonnance, paragraphe 86 (1), adopté avec 13 voix pour et 2 contre) : il s'agissait nonobstant d'une situation différente, avec devant les juges de La Haye, un État victime d'une agression militaire demandant à la CIJ d'ordonner immédiatement la cessation de l'agression par l´autre État.

D'autre part, l'Afrique du Sud avait demandé à la CIJ d'ordonner à Israël d'autoriser des missions internationales d'enquête à Gaza. Le point 7 de sa demande stipule en effet que :

"(7) The State of Israel shall take effective measures to prevent the destruction and ensure the preservation of evidence related to allegations of acts within the scope of Article II of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide; to that end, the State of Israel shall not act to deny or otherwise restrict access by fact-finding missions, international mandates and other bodies to Gaza to assist in ensuring the preservation and retention of said evidence".

La CIJ n'a pas retenu cette demande : au point 5 du paragraphe 86 précité, elle a seulement ordonné à Israël d'empêcher la destruction des preuves des actes couverts par la Convention sur le génocide de 1948.

Nonobstant ces deux points d'importance qui n'ont pas été expressément envisagés par les juges de la CIJ dans leur ordonnance, les points 1, 2, 3, 4, 5 et 6 de leur décision lue le 26 janvier 2024 suggèrent que les actes commis par Israël à Gaza depuis le 7 octobre au soir concernent bien des dispositions de la Convention sur le génocide de 1948 : ceci constitue en soi un message très fort, qui devrait interpeler en Israël (comme à l'extérieur) de nombreux décideurs sur la manière particulière dont Israël conduit ses opérations militaires à Gaza. 

Le paragraphe 54 de l'ordonnance de ce 26 janvier 2024 se lit comme suit :

" 54. La Cour est d’avis que les faits et circonstances mentionnés ci-dessus suffisent pour conclure qu’au moins certains des droits que l’Afrique du Sud revendique et dont elle sollicite la protection sont plausibles. Il en va ainsi du droit des Palestiniens de Gaza d’être protégés contre les actes de génocide et les actes prohibés connexes visés à l’article III et du droit de l’Afrique du Sud de demander qu’Israël s’acquitte des obligations lui incombant au titre de la convention.

../..

54. In the Court’s view, the facts and circumstances mentioned above are sufficient to conclude that at least some of the rights claimed by South Africa and for which it is seeking protection are plausible. This is the case with respect to the right of the Palestinians in Gaza to be protected from acts of genocide and related prohibited acts identified in Article III, and the right of South Africa to seek Israel’s compliance with the latter’s obligations under the Convention"

Dans le paragraphe 59, la CIJ estime que:

"59. La Cour considère que, par leur nature même, certaines au moins des mesures conservatoires demandées par l’Afrique du Sud visent à préserver les droits plausibles qu’elle invoque sur le fondement de la convention sur le génocide en la présente affaire, à savoir le droit des Palestiniens de Gaza d’être protégés contre les actes de génocide et les actes prohibés connexes visés à l’article III et le droit de l’Afrique du Sud de demander qu’Israël s’acquitte des obligations lui incombant au titre de la convention. En conséquence, il existe un lien entre les droits revendiqués par la demanderesse que la Cour a jugés plausibles et au moins certaines des mesures conservatoires sollicitées.

../..

59. The Court considers that, by their very nature, at least some of the provisional measures sought by South Africa are aimed at preserving the plausible rights it asserts on the basis of the Genocide Convention in the present case, namely the right of the Palestinians in Gaza to be protected from acts of genocide and related prohibited acts mentioned in Article III, and the right of South Africa to seek Israel’s compliance with the latter’s obligations under the Convention. Therefore, a link exists between the rights claimed by South Africa that the Court has found to be plausible, and at least some of the provisional measures requested". 



L'offensive militaire d'Israël à Gaza : quelques points d'interrogation

D'un point de vue strictement militaire, la "stratégie" d'Israël soulève de sérieuses questions, car elle n'a atteint aucun de ses objectifs militaires après plus de 110 jours de bombardements intenses à Gaza : les otages israéliens sont toujours portés disparus, cachés quelque part à Gaza avec leurs gardiens, tandis que les principaux commandants militaires du Hamas sont toujours en vie et que sa structure militaire semble résister au siège total qu'Israël inflige quotidiennement à Gaza par ses bombardements. Les nombreux bâtiments en ruine de Gaza constituent désormais des cachettes fort utiles pour les combattants du Hamas dans leurs embuscades contre les forces militaires israéliennes. Un spécialiste militaire français et commentateur de renom a récemment écrit sur son blog que :  

"La situation sur la bande de Gaza est parfaitement désespérante. D’un côté, le gouvernement israélien annonce régulièrement qu’il va enfin sortir de cette opération dévastatrice dont le bilan est parfaitement catastrophique. Mais dans la réalité, rien ne change à ce stade où chaque jour renouvelle son lot de bombardements qui dévastent littéralement la bande de Gaza.

/../

Dans la partie Nord, censée avoir été nettoyée (c’est le terme militaire) par l’armée israélienne, les unités de Tsahal sont régulièrement harcelées par des miliciens qui ont fait des décombres leur refuge. Dans la partie Sud, l’armée affirme vouloir réduire le « quartier général stratégique » du Hamas qui se situerait à Khan Younes, après avoir été vainement cherché à Gaza même puis sous l’hôpital Al Shifa, un QG fantôme qui ne justifie en aucun cas les bombardements opérés sur l’ensemble de la bande de Gaza.  

/.../

Si cette opération déclenchée par le gouvernement Netanyahou contre la bande de Gaza continue, le risque d’escalade régional est avéré et le risque pour l’avenir d’Israël est constitué. Il appartient aux alliés d’Israël et à toutes les sociétés qui comprennent que la paix ne se construit pas dans la vengeance, de l’obliger désormais à sortir de cette impasse sanglante et de construire sur ces décombres inutiles l’avenir et la stabilité de cette région" (Nota 3).



Une ordonnance de la CIJ qui lance un appel à l'action

L'Afrique du Sud ayant invoqué le 29 décembre la Convention sur le génocide de 1948 pour fonder sa compétence à l'encontre d'Israël, la CIJ était limitée par son champ d'application, se contentant de vérifier si les preuves présentées par l'Afrique du Sud étaient (ou non) recevables et si elles avaient (ou non) un rapport avec les dispositions de cet instrument multilatéral. De plus, sa décision ne pouvait pas non plus préjuger quant au fond de l'affaire, qui sera l´objet d'une décision du juge de La Haye dans quelques années.  

Malgré ces limites procédurales, l'équilibre subtil que la CIJ traditionnellement réserve à ses décisions ne semble pas avoir été maintenu cette fois-ci: il y a urgence absolue et les griefs de l´Afrique du Sud sont parfaitement fondés du point de vue juridique.

En notant dans son ordonnance qu'une telle relation existe, qu'il est plausible qu'Israël viole les dispositions de la CIJ et en ordonnant à Israël de prendre plusieurs des mesures provisoires demandées par l'Afrique du Sud, l'équipe juridique de l'Afrique du Sud peut être très satisfaite du travail qu'elle a accompli.

Il sied de rappeler ici que la Convention sur le génocide de 1948 n´est pas une convention comme bien d´autres instruments multilatéraux. Son titre officiel est celui de "Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide": ses dispositions centrales relèvent de ce que les spécialistes en droit intenational public nomment des "obligations impératives de droit international général" (ou normes de jus cogens) qui sont des "obligation erga omnes" (Note 4), Il s’agit de normes qui sont considérées comme fondamentales en droit international public: par leur importance unique, ces normes impliquent des obligations pour l’ensemble des États qui sont parties à la dite convention, et en particulier dans le domaine de la "prévention" du génocide.

Aussi, cette ordonnance de la CIJ vient mettre au défi le reste de la communauté internationale afin de contribuer à ce qu' un État, dont les plus hautes autorités semblent déterminées à mener une opération militaire punitive contre la population civile de Gaza (en représailles à l'attaque perpétrée le matin du 7 octobre par le Hamas sur le territoire israélien) cesse ses actions militaires. 

Ordonnance de la CIJ en main, les Etats, individuellement ou collectivement, sont amenés depuis quelques jours à se poser quelques questions :

- Peut-on continuer à entretenir des relations diplomatiques et économiques "normales" avec un État qui, selon la CIJ, est susceptible de violer plusieurs dispositions d'une convention historique telle que la Convention sur le génocide de 1948 ?

- Peut-on continuer à exporter des armes et des munitions, des composants électroniques à des fins militaires à un État qui démontre qu'il ne sait pas les utiliser correctement, avec des bombardements aveugles et disproportionnés et une politique délibérée de destruction totale contre une population civile?

- Pouvons-nous continuer à entretenir des relations de coopération académique, technique et scientifique avec un État qui, depuis la soirée/nuit du 7 octobre, détruit intentionnellement et délibérément des écoles, des collèges et des universités à Gaza, anéantissant les projets de vie de nombreux jeunes Palestiniens ?  

Avec l'ordonnance de la CIJ en main, il est fort probable que les membres du Conseil de Sécurité, de l'Assemblée Générale et d'autres organes des Nations Unies  prendront de nouvelles initiatives en vue de faire pression sur les autorités israéliennes. 

Quant au Bureau du Procureur de la CPI (qui s'est montré jusqu'à présent assez éloigné du drame quotidien qui se déroule à Gaza depuis l'après-midi/soirée du 7 octobre), une déclaration de sa part en vue d'établir la responsabilité pénale individuelle de plusieurs hauts commandants israéliens serait souhaitable: c'est ce que cherchent à obtenir divers secteurs en Europe, en particulier en France et en Belgique (Note 5). Dans le cas de la France, son inaction est telle que récemment un tribune collective dans le quotidien Libération (édition du 26 janvier 2024) s´est intitulée: "Gaza : la France en rupture avec le droit international ?" (voir hyperlien). Dans une autre tribune intitulée "Oui Monsieur le ministre, les mots ont un sens" (voir texte reproduit par l´AURDIP) on y lit que:

"Il est déjà regrettable que la France n’ait pas pris l’initiative de cette action. Il serait désastreux qu’elle persiste dans une définition spécifique à Israël de l’intention génocidaire. Le tabou dans lequel la France semble s’être enfermée a volé en éclats à La Haye".

Dans son communiqué officiel (voir texte) saluant l'ordonnance adoptée par la CIJ, l'Afrique du Sud a justement déclaré  que la communauté internationale se doit aussi de réagir, en indiquant en particulier que:

"The United Nations Security Council will now be formally notified of the Court’s order pursuant to Article 41(2) of the Court’s Statute. The veto power wielded by individual states cannot be permitted to thwart international justice, not least in light of the ever-worsening situation in Gaza brought about by Israel’s acts and omissions in violation of the Genocide Convention. Third States are now on notice of the existence of a serious risk of genocide against the Palestinian people in Gaza. They must, therefore, also act independently and immediately to prevent genocide by Israel and to ensure that they are not themselves in violation of the Genocide Convention, including by aiding or assisting in the commission of genocide. This necessarily imposes an obligation on all States to cease funding and facilitating Israel’s military actions, which are plausibly genocidal ".



En guise de conclusion

Il convient de noter que les arguments avancés par la défense d'Israël, accompagnés d'efforts inhabituels de la part de certains médias grand public, n'ont pas eu beaucoup d'impact sur les juges de la CIJ : cette ordonnance a été adoptée par un vote retentissant de 16 voix contre un (le juge ad hoc israélien étant la seule voix discordante), ou dans certaines parties du paragraphe 86 du dispositif, par 15 voix contre 2 (la juge ougandaise étant l'autre voix dissidente observée, qui a estimé qu'il était approprié d'émettre une opinion dissidente - voir texte). Il faut noter que le juge ad hoc israélien a voté en faveur des points 3 et 4 du paragraphe 86 du dispositif, laissant seule la juge ougandaise voter contre. 

Quelques jours avant le 26 janvier, la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies pour les Territoires Palestiniens Occupés avait indiqué dans une interview publiée en Israël le 23 (voir texte, dont la lecture est recommandée) et traduite en France par l´ONG  AURDIP (voir traduction sur son site) que:

"Mon impression sur la défense israélienne était qu’ils semblaient incapables de dénier ou de réfuter les accusations, n’offrant que des tentatives minimales et peu convaincantes de justification. Ils sont apparus mal préparés pour répondre à l’ampleur des accusations et ont eu des difficultés pour monter une défense robuste, éludant souvent les preuves décisives fournies par l’équipe juridique de l’Afrique du Sud — peut-être étaient-ils peu habitués à se trouver sous un examen si serré, et aussi pressés par le temps."

En ce qui concerne Israël, les réactions de colère contre les juges de la CIJ de la part de ses plus hautes autorités sont prévisibles et ne devraient plus faire grande impression. Dans une note récente publiée en espagnol, nous avions déjà eu l'occasion de souligner que :

"Israël devra alors se demander s'il doit prendre le risque de ne pas se conformer à la décision de la CIJ ou cesser ses actions militaires à Gaza". Le discrédit généralisé de ses actions à Gaza s'est accru depuis le 7 octobre, et défier ouvertement la plus haute instance judiciaire de l'organisation des Nations Unies pourrait avoir des conséquences, notamment pour certains de ses alliés les plus proches".

Enfin, en ce qui concerne des mesures conservatoires ordonnées par la CIJ et ignorées par un État, nous avons récemment eu l'occasion de constater le non-respect des mesures ordonnées contre la Russie par la CIJ en mars 2022, demandées par l'Ukraine (voir l'ordonnance du 16 mars 2022). 

L'ensemble des sanctions prises à l'encontre de la Russie et renforcées par le non-respect par la Russie de la décision du juge international à partir de mars 2022 suscitera probablement des interrogations chez certains en Europe, mais aussi aux États-Unis et au Canada quant a un probable non-respect par Israël de l'ordonnance de la CIJ lue le 26 janvier 2024.

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Note 1 :  Cf. en espagnol,  BOEGLIN N., "Gaza /  Israel: a propósito del  anuncio de remisión conjunta de México y de Chile a la Corte Penal Internacional (CPI)", editée le 18 janvier 2024, et disponible ici.


Note 2 : Cf. en espagnol  BOEGLIN N., ""Gaza / Israel: a propósito de la reciente demanda interpuesta por Sudáfrica ante la Corte Internacional de Justicia (CIJ)", editée le 29 décembre 2023 et disponible ici.

 

Nota 3 : Cf. ANCEL G., "L’Ukraine oblige l’Europe à se réveiller tandis qu’Israël sombre dans le déni", Ne pas subir, Blog de Guillaume Ancel, édition du 20 jnvier 2024, disponible ici.


Nota 4 : Sur ce sujet cf. en particulier PEZZANO L., "The Obligation to Prevent Genocide in South Africa v. Israel: Finally a Duty with Global Scope? ", EJIL-Talk, édition du 4 janvier 2024. Texte disponible ici.


Note 5 : Dans le cas de la France, une proposition du Sénat circule depuis le 5 janvier 2024 (voir texte de la "proposition de résolution") appelant en particulier "... le Gouvernement à inclure dans ce renvoi une demande de saisine de la Chambre préliminaire aux fins que soient délivrés des mandats d’arrêt à l’encontre de M. Benyamin Netanyahou et de toute autre personne impliquée, selon l’évolution de l’enquête" (página 28).  On peut aussi citer cette déclaration conjointe de professeurs belges de droit international public  (voir texte) du 13 novembre 2023, indiquant: "5. Compte tenu du risque de génocide, l’obligation de le prévenir, due conformément à la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, est dès à présent déclenchée". 





viernes, 26 de enero de 2024

Gaza / Israel: a propósito de la ordenanza de la Corte Internacional de Justicia (CIJ)

 

Gaza / Israel: a propósito de la ordenanza de la Corte Internacional de Justicia (CIJ)


Nicolas Boeglin, Profesor de Derecho Internacional Público, Facultad de Derecho,Universidad de Costa Rica (UCR). Contacto : nboeglin@gmail.com.

Nota del autor: una versión en francés de este texto está igualmente disponible


El pasado 26 de enero del 2024, la Corte Internacional de Justicia (CIJ) dio a conocer su ordenanza, repondiendo a la solicitud urgente de medidas provisionales interpuesta por Sudáfrica contra Israel el pasado 29 de diciembre del 2023: el texto de la ordenanza puede ser consultado en este enlace en francés y en inglés.

Cabe advertir desde ya que esta ordenanza es una decisión preliminar de carácter ugente del juez de La Haya, distinta a la sentencia o fallo sobre el fondo, que se tomará tan solo dentro de unos años por parte del juez de La Haya.


Breve puesta en contexto

La petitoria final de Sudáfrica sobre las medidas provisionales de carácter urgente figura en las páginas 83-84 de su intervención ante los jueces de La Haya realizada el pasado 11 de enero y consta de un total de 9 puntos (véase texto). Por su parte, las conclusiones finales de Israel pidiendo desestimar y archivar esta solicitud se encuentran en la página 75 de su intervención ante los jueces realizada el 12 de enero del 2024 (véase texto). 

Resulta de interés señalar que durante estas audiencias realizadas los días11-12 de enero, Chile envió a su máximo representante en La Haya  y lo hizo ver mediante un documento circulado por su aparato diplomático (véase comunicado oficial del 11 de enero). Menos de una semana después, conjuntamente con México, Chile solicitó a otra instancia jurisdiccional con sede en La Haya, la Corte Penal Internacional (CPI) la remisión urgente de la situación en Gaza a la Oficina del Fiscal de la CPI (véase comunicado oficial de Chile y comunicado de México, ambos del 18 de enero del 2024): tuvimos oportunidad de analizar en detalle ambos comunicados (Nota 1), planteando de paso la inacción observada por parte de los demás 122 Estados Partes al Estatuto de Roma. El texto mismo de la remisión conjunta de Chile y Mexico al Fiscal de la CPI está disponible aqui


El contenido de la ordenanza de la CIJ en breve

En el texto de su ordenanza dada a conocer este 26 de enero (parte dispositiva tomada con 15 votos a favor en su casi totalidad, párrafo 86), la CIJ declara que: 

"1) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission, à l’encontre des Palestiniens de Gaza, de tout acte entrant dans le champ d’application de l’article II de la convention, en particulier les actes suivants : 

a) meurtre de membres du groupe ; 

b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; 

c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et 

d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; 


2) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit veiller, avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun des actes visés au point 1 ci-dessus ; 


3) Par seize voix contre une, 

L’État d’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ; 


4) Par seize voix contre une, 

L’État d’Israël doit prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ; 


5) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit prendre des mesures effectives pour prévenir la destruction et assurer la conservation des éléments de preuve relatifs aux allégations d’actes entrant dans le champ d’application des articles II et III de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide commis contre les membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ; 


6) Par quinze voix contre deux, 

L’État d’Israël doit soumettre à la Cour un rapport sur l’ensemble des mesures qu’il aura prises pour donner effet à la présente ordonnance dans un délai d’un mois à compter de la date de celle-ci. 

../..

(1) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall, in accordance with its obligations under the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, in relation to Palestinians in Gaza, take all measures within its power to prevent the commission of all acts within the scope of Article II of this Convention, in particular: 

(a) killing members of the group; 

(b) causing serious bodily or mental harm to members of the group; 

(c) deliberately inflicting on the group conditions of life calculated to bring about its physical destruction in whole or in part; and 

(d) imposing measures intended to prevent births within the group;


(2) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall ensure with immediate effect that its military does not commit any acts described in point 1 above ; 


(3) By sixteen votes to one, 

The State of Israel shall take all measures within its power to prevent and punish the direct and public incitement to commit genocide in relation to members of the Palestinian group in the Gaza Strip ; 


(4) By sixteen votes to one, 

The State of Israel shall take immediate and effective measures to enable the provision of urgently needed basic services and humanitarian assistance to address the adverse conditions of life faced by Palestinians in the Gaza Strip; 


(5) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall take effective measures to prevent the destruction and ensure the preservation of evidence related to allegations of acts within the scope of Article II and Article III of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide against members of the Palestinian group in the Gaza Strip; 


(6) By fifteen votes to two, 

The State of Israel shall submit a report to the Court on all measures taken to give effect to this Order within one month as from the date of this Order". 

 

De algunos detalles de interés

Resulta muy inusual que la Presidenta de la CIJ refiera expresamente, en la lectura del resumen de una decisión como la ordenanza leída este 26 de enero del 2024,  al contenido de declaraciones oficiales, como las declaraciones israelíes escalofriantes oídas desde el pasado 7 de octubre: en la gestual extremadamente formal y a veces  muy parsimoniosa de los jueces de la CIJ, este primer detalle no ha pasado desapercibido para muchos de los observadores internacionales.  Tratándose además de una magistrada oriunda de los Estados Unidos, ex funcionaria del Departmento de Estado, esta señal enviada desde la Presidencia del máximo órgano judicial de Naciones Unidas puede considerarse particularmente clara. 

Como se recordará la solicitud de Sudáfrica planteaba como primer punto (de los 9 que contenía su solicitud) el ordenar un cese al fuego inmediato, tal y como tuvimos la oportunidad de analizarlo en una nota anterior cuando presentó su demanda en diciembre del 2023 (Nota 2). La dificultad consistía para los jueces de La Haya en ordenar un cese al fuego entre dos bandos, con uno solo sentado en el banquillo del Peace Palace de La Haya. Un cese al fuego por definición aplica para dos contendores, y no uno.  

La CIJ no acogió esta solicitud de manera expresa. Algunos juristas podrían interpretar que la CIJ deja entonces a Israel la posibilidad de continuar sus acciones militares en Gaza, las cuales ya han causado la muerte de casi  26.000 personas y herido a más de 64.000 según el último informe de situación de Naciones Unidas al 25 de enero (véase informe). No obstante, el inciso 2 del párrafo operativo 86 viene a restringir esta interpretación literal, al señalar la CIJ que hay una inmediatez ordenada a Israel:

"(2)L’État d’Israël doit veiller, avec effet immédiat, à ce que son armée ne commette aucun des actes visés au point 1 ci-dessus  /.../  The State of Israel shall ensure with immediate effect that its military does not commit any acts described in point 1 above ; 

Es de notar que con relación a una solicitud similar pero no idéntica proveniente de Ucrania en febrero del 2022, esta misma solicitud de cese de operaciones militares sí había sido acogida de manera expresa  en la ordenanza del 16 de marzo del 2022 adoptada por la CIJ (véase texto   de la ordenanza, párrafo 86 inciso 1, adoptado con 13 votos a favor y 2 en contra): pero se trataba de un Estado objeto de una agresión militar exigiendo a la CIJ ordenar inmediatamente el cese de la agresión por parte de otro Estado.

Por otro lado, Sudáfrica solicitaba que la CIJ ordenara a Israel permitir la entrada de misiones internacionales de investigaciones en Gaza (más conocidas como "fact finding missions"). El punto 7 de su petitoria indicaba en efecto que:

"(7) The State of Israel shall take effective measures to prevent the destruction and ensure the preservation of evidence related to allegations of acts within the scope of Article II of the Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide; to that end, the State of Israel shall not act to deny or otherwise restrict access by fact-finding missions, international mandates and other bodies to Gaza to assist in ensuring the preservation and retention of said evidence".

La CIJ no acogió esta petitoria: en el punto 5 del precitado párrafo 86 ordena únicamente a Israel proceder a evitar la destrucción de indicios de actos cubiertos por la Convención contra el Genocidio de 1948.

No obstante estos dos puntos de importancia que no fueron expresamente contemplados por los jueces de la CIJ en su ordenanza, los puntos 1,2,3,4,5 y 6 de su decisión leída este 26 de enero del 2024 dejan entrever que actos cometidos por Israel en Gaza desde la tarde /noche del 7 de octubre sí interesan disposiciones de la Convención contra el Genocidio de 1948: lo cual constituye en sí una señal muy significativa y debería interpelar en Israel (así como fuera) a muchos decisores sobre la forma tan peculiar que tiene Israel de llevar a cabo sus operaciones militares en Gaza. 

En el párrafo 54 de la ordenanza de este 26 de enero del 2024 se lee que:

" 54. La Cour est d’avis que les faits et circonstances mentionnés ci-dessus suffisent pour conclure qu’au moins certains des droits que l’Afrique du Sud revendique et dont elle sollicite la protection sont plausibles. Il en va ainsi du droit des Palestiniens de Gaza d’être protégés contre les actes de génocide et les actes prohibés connexes visés à l’article III et du droit de l’Afrique du Sud de demander qu’Israël s’acquitte des obligations lui incombant au titre de la convention.

../..

54. In the Court’s view, the facts and circumstances mentioned above are sufficient to conclude that at least some of the rights claimed by South Africa and for which it is seeking protection are plausible. This is the case with respect to the right of the Palestinians in Gaza to be protected from acts of genocide and related prohibited acts identified in Article III, and the right of South Africa to seek Israel’s compliance with the latter’s obligations under the Convention"

Al tiempo que en el párrafo 59 la CIJ dictamina que:

"59. La Cour considère que, par leur nature même, certaines au moins des mesures conservatoires demandées par l’Afrique du Sud visent à préserver les droits plausibles qu’elle invoque sur le fondement de la convention sur le génocide en la présente affaire, à savoir le droit des Palestiniens de Gaza d’être protégés contre les actes de génocide et les actes prohibés connexes visés à l’article III et le droit de l’Afrique du Sud de demander qu’Israël s’acquitte des obligations lui incombant au titre de la convention. En conséquence, il existe un lien entre les droits revendiqués par la demanderesse que la Cour a jugés plausibles et au moins certaines des mesures conservatoires sollicitées.

../..

59. The Court considers that, by their very nature, at least some of the provisional measures sought by South Africa are aimed at preserving the plausible rights it asserts on the basis of the Genocide Convention in the present case, namely the right of the Palestinians in Gaza to be protected from acts of genocide and related prohibited acts mentioned in Article III, and the right of South Africa to seek Israel’s compliance with the latter’s obligations under the Convention. Therefore, a link exists between the rights claimed by South Africa that the Court has found to be plausible, and at least some of the provisional measures requested". 


La ofensiva militar israelí en Gaza: algunas interrogantes

Desde un estricto punto de vista militar,  la "estrategia" de Israel plantea serias interrogantes, al no haber alcanzado ninguno de sus objetivos militares después de más de 110 días de intensos bombardeos en Gaza: los rehenes israelíes siguen sin ser localizados, escondidos en alguna parte en Gaza con sus custodios; al tiempo que los principales mandos militares del Hamás siguen en vida y su estructura militar pareciera resistir al asedio total que Israel inflige diariamente a Gaza con sus bombardeos. Los numerosos escombros de inmuebles en Gaza constituyen ahora escóndites muy útiles para los combatientes del Hamás en sus operaciones contra las fuerzas militares israelíes. Un especialista francés en asuntos militares y connotado comentarista, recientemente escribió en su blog que:

"La situation sur la bande de Gaza est parfaitement désespérante. D’un côté, le gouvernement israélien annonce régulièrement qu’il va enfin sortir de cette opération dévastatrice dont le bilan est parfaitement catastrophique. Mais dans la réalité, rien ne change à ce stade où chaque jour renouvelle son lot de bombardements qui dévastent littéralement la bande de Gaza.

/../

Dans la partie Nord, censée avoir été nettoyée (c’est le terme militaire) par l’armée israélienne, les unités de Tsahal sont régulièrement harcelées par des miliciens qui ont fait des décombres leur refuge. Dans la partie Sud, l’armée affirme vouloir réduire le « quartier général stratégique » du Hamas qui se situerait à Khan Younes, après avoir été vainement cherché à Gaza même puis sous l’hôpital Al Shifa, un QG fantôme qui ne justifie en aucun cas les bombardements opérés sur l’ensemble de la bande de Gaza.  

/.../

Si cette opération déclenchée par le gouvernement Netanyahou contre la bande de Gaza continue, le risque d’escalade régional est avéré et le risque pour l’avenir d’Israël est constitué. Il appartient aux alliés d’Israël et à toutes les sociétés qui comprennent que la paix ne se construit pas dans la vengeance, de l’obliger désormais à sortir de cette impasse sanglante et de construire sur ces décombres inutiles l’avenir et la stabilité de cette région" (Nota 3).


Una ordenanza de la CIJ que lanza un llamado a la acción

Al haber Sudáfrica invocado la Convención contra el Genocidio de 1948 como base de competencia para interponer su demanda contra Israel el pasado 29 de diciembre,  la CIJ tenía limitado su ámbito de acción, procediendo a verificar únicamente si las evidencias probatorias presentadas por Sudáfrica eran de recibo (o no) y si guardaban alguna relación (o no) con las disposiciones de este instrumento multilateral.  El sútil equilibrio que la CIJ imprime tradicionalmente a sus decisiones no pareciera esta vez haberse verificado del todo.

Al señalar en su ordenanza que sí existe esta relación, que es plausible que Israel esté violando disposiciones de este instrumento, y al ordenarle a Israel varias de las medidas provisionales solicitadas por Sudáfrica, el equipo legal de Sudáfrica puede sentirse muy satisfecho por la labor realizada.

Esta ordenanza de la CIJ también interpela de ahora en adelante al resto de la comunidad internacional para idear cómo frenar de manera significativa a un Estado cuyas máximas autoridades parecieran decididas a llevar a cabo una operación militar punitiva contra la población civil de Gaza, en represalia al ataque sufrido en la mañana del 7 de octubre perpetrado en territorio israelí por parte del Hamás. 

Es  muy probable que, ordenanza de la CIJ en mano, Estados, sea a título individual o colectivo, se planteen algunas interrogantes muy válidas:

-¿se puede seguir manteniendo relaciones diplomáticas, económicas "normales" con un Estado al que la CIJ señala que puede estar violando varias disposiciones de una emblemática convención como la Convención contra el Genocidio de 1948?

-¿se puede seguir exportando armas y municiones, componentes electrónicos con fines militares a un Estado que está demostrando no saberlos usar correctamente, con bombardeos indiscriminados y desproporcionales y una deliberada política de destrucción total?

-¿se puede seguir manteneniendo relaciones en el ámbito académico, en materia de cooperación técnica y científica, con un Estado que desde la tarde/noche del 7 de octubre destruye de manera intencional y deliberada escuelas, centros educativos superiores, y universidades en Gaza, aniquilando proyectos de vida de muchos jóvenes palestinos?

Por su parte, es muy probable que, también con la ordenanza de la CIJ en sus respectivas carpetas, los integrantes del Consejo de Seguridad, de la Asamblea General  y de otras instancias de Naciones Unidas opten por nuevas iniciativas. 

En cuanto a la Oficina del Fiscal de la CPI (que se ha mostrado hasta ahora bastante distante con el drama cotidiano que se vive en Gaza desde la tarde/noche del 7 de octubre), alguna declaración de su parte permitiría encausar acciones y materializarlas, de cara a establecer la responsabilidad penal individual de varios altos mandos israelíes:  es lo que diversos sectores en Europa buscan realizar, en particular desde Francia y Bélgica (Nota 4).

En su comunicado oficial (véase texto) acogiendo con beneplácito la  ordenanza de la CIJ, se lee por parte de Sudáfrica que:

"The United Nations Security Council will now be formally notified of the Court’s order pursuant to Article 41(2) of the Court’s Statute. The veto power wielded by individual states cannot be permitted to thwart international justice, not least in light of the ever-worsening situation in Gaza brought about by Israel’s acts and omissions in violation of the Genocide Convention. Third States are now on notice of the existence of a serious risk of genocide against the Palestinian people in Gaza. They must, therefore, also act independently and immediately to prevent genocide by Israel and to ensure that they are not themselves in violation of the Genocide Convention, including by aiding or assisting in the commission of genocide. This necessarily imposes an obligation on all States to cease funding and facilitating Israel’s military actions, which are plausibly genocidal ".


A modo de conclusión

No está de más señalar que los argumentos elaborados por la defensa de Israel, acompañados por esfuerzos inusuales por parte de algunos grandes medios de comunicación, no tuvieron mayor impacto en los jueces de la CIJ: esta ordenanza se tomó con un voto contudente de 16 contra uno (siendo el juez ad hoc israelí la única voz en contra), o  en algunas partes del párrafo dispositivo 86, con 15 contra 2 (siendo la jueza oriunda de Uganda la otra voz discordante observada, que consideró oportuno emitir una opinión disidente). Cabe precisar que el juez ad hoc de Israel sí votó en favor de los puntos 3 y 4 del precitado párrafo operativo 86, dejando a la juez titular oriunda de Uganda votar de manera solitaria en contra, lo cual plantea algunas interrogantes muy válidas (Nota 5). 

Con relación a Israel, es de esperarse a reacciones iracundas contra los jueces de la CIJ por parte de sus máximas autoridades, las cuales ya no deben impresionar mayormente. En una nota reciente, ya tuvimos la oportunidad de señalar que:

"Israel deberá entonces ponderar si se arriesga a no acatarla o si cesa sus acciones militares en Gaza. El descrédito generalizado de su accionar en Gaza ha ido en aumento desde el pasado 7 de octubre, y colocarse en abierto desafío al máximo órgano judicial dentro del organigrama de Naciones Unidas conllevaría consecuencias, en particular para algunos de sus aliados más cercanos".

Con relación a medidas provisionales ordenadas por la CIJ y posteriormente ignoradas por un Estado, recientemente tuvimos la ocasión de observar  el irrespeto a las medidas ordenadas contra Rusia por parte de la CIJ en el mes de marzo del 2022, solicitadas por Ucrania (véase ordenanza del 16 de marzo del 2022). 

El conjunto de sanciones tomadas en contra de Rusia y que se reforzaron al no acatar Rusia lo establecido por el juez internacional a partir de marzo del 2022, interpelará probablemente a muchos en Europa, Estados Unidos y Canadá con relación a un eventual desacato por parte de Israel a la ordenanza de la CIJ leída este 26 de enero del 2024.


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Nota 1 Véase BOEGLIN N., "Gaza /  Israel: a propósito del  anuncio de remisión conjunta de México y de Chile a la Corte Penal Internacional (CPI)", editada el 18 de enero del 2024, y disponible aquí.


Nota 2: Véase BOEGLIN N., ""Gaza / Israel: a propósito de la reciente demanda interpuesta por Sudáfrica ante la Corte Internacional de Justicia (CIJ)", editada el 29 de diciembre del 2023 y disponible aquí.

 

Nota 3: Véase ANCEL G."L’Ukraine oblige l’Europe à se réveiller tandis qu’Israël sombre dans le déni", Ne pas subir, Blog de Guillaume Ancel, édición del 20 de enero del 2024, disponible aquí.


Nota 4: En el caso de Francia, una propuesta del Senado circula desde el 5 de enero del 2024 (véase texto de la "proposition de résolution") llamando a Francia a solicitar a la CPI e invitando en particular "... le Gouvernement à inclure dans ce renvoi une demande de saisine de la Chambre préliminaire aux fins que soient délivrés des mandats d’arrêt à l’encontre de M. Benyamin Netanyahou et de toute autre personne impliquée, selon l’évolution de l’enquête" (página 28).  Cabe señalar además una declaración conjunta de profesores belgas de derecho internacional público  (véase texto) con fecha del 13 de noviembre del 2023, indicando: "5. Compte tenu du risque de génocide, l’obligation de le prévenir, due conformément à la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, est dès à présent déclenchée". Esta declaración hecha en nombre de la Société Belge pour le Droit International (SBDI) denota una sensibilidad mucho mayor a la de otras sociedades europeas de derecho internacional público. Salvo error de nuestra parte, solamente se registra, anteriores al texto de la SBDI, esta declaración de expertos españoles en derecho internacional público y relaciones internacionales (véase texto) y esta otra adoptada en nombre de la Società Italiana di Diritto Internazionale (SIDI) el 13 de octubre del 2023


Nota 5: En esta interesante recopilación de opiniones de diversos especialistas reunidas por el sitio Just Security luego de leida la ordenanza de la CIJ, se lee que para una experta norteamericana consultada (Rebecca Hamilton) sobre tan peculiar posición de la jueza de Uganda que: " She goes on to refute several of the prerequisites for provisional measures including, most significantly, disagreeing that acts allegedly committed by Israel plausibly fall within the scope of the Genocide Convention. This is striking given the very low threshold of the “plausibility” standard, and the fact that the rest of the bench, including Barak,[1] concluded that all the prerequisites to provisional measures were satisfied".  


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miércoles, 24 de enero de 2024

Gaza / Israel: decisión de la Corte Internacional de Justicia (CIJ) anunciada para este 26 de enero

 


Gaza / Israel: a propósito de la decisión de la Corte Internacional de Justicia (CIJ) anunciada para este 26 de enero



Nicolas Boeglin, Profesor de Derecho Internacional Público, Facultad de Derecho,Universidad de Costa Rica (UCR). Contacto : nboeglin@gmail.com.


En un comunicado dado a conocer el 24 de enero del 2024 (véase texto en francés y en inglés), la Corte Internacional de Justicia (CIJ) ha anunciado que dará a conocer su ordenanza sobre las medidas provisionales urgentes solicitadas por Sudáfrica el pasado 29 de diciembre del 2023 contra Israel. 

Cabe advertir desde ya que se trata de una decisión  preliminar de carácter ugente del juez de La Haya, que es distinta a la decisión o fallo sobre el fondo, que se tomará tan solo dentro de unos años.

La petitoria final de Sudáfrica sobre las medidas provisionales de carácter urgente figura en las páginas 83-84 de su intervención ante los jueces de La Haya realizada el pasado 11 de enero y consta de un total de 9 puntos (véase texto). Por su parte, las conclusiones finales de Israel pidiendo desestimar y archivar esta solicitud se encuentran en la página 75 de su intervención ante los jueces realizada el 12 de enero del 2024 (véase texto). Es a partir de los argumentos detallados por Sudáfrica y los descargos de Israel que los jueces de la CIJ deberán elaborar su decisión.


Breve puesto en contexto

Como se recordará, Sudáfrica presentó formalmente una demanda contra Israel, la cual vino acompañada de una solicitud urgente de medidas provisionales ante el drama abosluto que se vive en Gaza: véase a ese respecto el texto completo de su demanda inicial de 84 páginas, cuya lectura completa se recomienda: revisten especial interés los párrafos 101-107 que detallan las escalofriantes declaraciones oficiales oídas en Israel por parte de sus máximas autoridades. El equipo legal de Sudáfrica hizo además una demonstración bastante convincente sobre el hecho que estas inéditas declaraciones oficiales son parte de un contexto que explica las reiteradas exacciones de todo tipo contra familias palestinas, y no solamente en Gaza ni a partir del 7 de octubre únicamente. 

Tuvimos la oportunidad de analizar el alcance de la  acción interpuesta por Sudáfrica en una nota anterior, y los temores - fundados - que ha despertado esta acción en algunos círculos, tanto en Israel como en Estados Unidos (Nota 1). 

Con relación a la forma de defenderse escogida por Israel durante las audiencias en La Haya realizadas el pasado 11 y 12 de enero del 2024, en esta muy recomendada entrevista publicada el 23 de enero del 2024 en la publicación le Magazine+972 en Israel, se lee que:

"My impression of the Israeli defense was that they appeared unable to deny or refute the accusations, providing only minimal and unconvincing attempts at justification. They appeared unprepared to confront the magnitude of the accusations, and struggled to mount a robust defense, often avoiding the critical evidence provided by the South African legal team — perhaps unaccustomed to being under such scrutiny, and also pressed for time".


Cabe señalar que durante estas audiencias realizadas los días11-12 de enero, Chile envió a su máximo representante en La Haya  y lo hizo ver mediante un documento circulado por su aparato diplomático (véase comunicado oficial del 11 de enero). Menos de una semana después, conjuntamente con México, Chile solicitó a otra instancia jurisdiccional con sede en La Haya, la Corte Penal Internacional (CPI) la remisión urgente de la situación en Gaza a la Oficina del Fiscal de la CPI (véase comunicado oficial de Chile y comunicado de México, ambos del 18 de enero del 2024): tuvimos oportunidad de analizar en detalle ambos comunicados (Nota 2).


Una urgencia absoluta raramente observada

De manera a tener claridad sobre la urgencia total de la situación en Gaza, al 29 de diciembre 2023, el estado de situación elaborado por Naciones Unidas (véase informe) indicaba el siguiente saldo: 

"Between the afternoons of 28 and 29 December, 187 Palestinians were killed, and another 312 people were injured, according to the Ministry of Health (MoH) in Gaza. According to the MoH in Gaza, between 7 October and 7:00 on 29 December, at least 21,507 Palestinians were killed in Gaza. About 70 per cent of those killed are said to be women and children. As of then, 55,915 Palestinians have been injured. Many people are missing, presumably buried under the rubble, waiting for rescue or recovery.

On 29 December, the Israeli military announced that one additional soldier had been killed in Gaza. Overall, since the start of the ground operation, 166 soldiers have been killed, and 936 soldiers injured in Gaza, according to the Israeli military".

El último informe de Naciones Unidas (al 24 de enero) indica por su parte que:

"Intense Israeli bombardments from air, land, and sea continued across much of the Gaza Strip on 23 January, resulting in further civilian casualties and displacement, as well as destruction. Ground operations and fighting between Israeli forces and Palestinian armed groups were also reported across much of Gaza. Hostilities were particularly intense in Khan Younis, with Israeli forces reported to having surrounded and launched a large-scale operation in the city. Heavy fighting is reported in proximity to hospitals in Khan Younis, including Al Aqsa, Nasser and Al Amal, with reports of Palestinians trying to flee to the southern town of Rafah. Al Mawasi area in Khan Younis was reportedly under heavy attack.

Between the afternoons of 23 and 24 January, according to the Ministry of Health (MoH) in Gaza, 210 Palestinians were killed, and 386 Palestinians were injured. Between 7 October 2023 and 12:00 on 23 January 2024, at least 25,700 Palestinians were killed in Gaza and 63,740 Palestinians were injured, according to the MoH.

Between the afternoons of 23 January and 24 January, no Israeli soldiers were reportedly killed in Gaza. As of 24 January, 219 soldiers have been killed, and 1,250 soldiers have been injured in Gaza, according to the Israeli military".


No está de más indicar que muchas de las más de 63.000 personas heridas en Gaza están prácticamente condenadas a perder la vida en caso de heridas graves, al yacer muchas de ellas bajo los escombros sin que puedan ser auxiliadas, solas y en el frío. Cuando logran ser auxiliadas por algún equipo de rescate aún operativo o por sobrevivientes en mejor estado, llegan a centros hospitalarios y refugios hacinados, muchos de ellos total o parcialmente destruidos, sin energía ni agua, ni suficientes medicamentos, ni suficiente personal médico para atenderlos.

Con respecto al calificativo de "genocidio" y a la acción interpuesta por Sudáfrica ante la CIJ, ambos fueron recientemente objeto de una emisión radial en Francia (France Culture), durante la cual un connotado entrevistador pretendió saber más de derecho internacional público que la experta gala entrevistada (véase entrevista): el periodista, visiblemente muy molesto, procedió a un cierre abrupto de la entrevista bastante inusual y, en nuestra opinión, muy poco profesional (véase nota de Arret sur Images  del 11 de enero del 2024).


Algunas reflexiones sobre el contenido de la futura ordenanza

Si bien siempre resulta riesgoso adelantarse a una decisión de la CIJ, es muy probable que la CIJ ordene un cese al fuego inmediato por razones humanitarias, tal como solicitado por Sudáfrica en su extensa demanda, y ello de manera unánime o casi. 

En cambio, es muy factible que la CIJ no responda favorablemente a los 9 puntos planteados por Sudáfrica en su petitoria, sino tan solo a algunos de ellos. O que sugiera otras medidas a Israel no contempladas por Sudáfrica. A nuestro modo de ver, la posibilidad de que la CIJ rechace la petición urgente de medidas provisionales planteada por Sudáfrica es mínima.

Como bien se sabe, en caso de profundo desacuerdo entre sus integrantes, la CIJ toma sus decisiones con un voto, debiendo obtenerse 8 votos para reunir una mayoría (provenientes de sus 15 integrantes).

Como dato que probablemente tengan muy presente varios de los integrantes de la CIJ, cabe precisar que esta acción de Sudáfrica se presentó luego de repetidos intentos (fallidos) en el Consejo de Seguridad, debido a dos vetos norteamericanos. La amenaza de un tercer veto de Estados Unidos y las maniobras de Estados Unidos condujeron a la adopción de la resolución S/RES/2720(2023)el 22 de diciembre del 2023 (véase texto): esta resolución adolece de una referencia a un cese al fuego por razones humanitarias,  no permite el ingreso de la ayuda humanitaria si no es con el consentimiento previo de Israel con lo cual deja entera libertad a Israel para proseguir con sus mortíferas acciones militares indiscriminadas

En el caso de la solicitud de medidas provisionales presentada por Sudáfrica contra Israel en diciembre pasado, al haber invocado Sudáfrica la Convención de 1948 para la Prevención y Sanción del Crímen de Genocidio, y deberse centrar parte de la discusión legal sobre el punto de saber si es o no plausible que se esté cometiendo un genocidio en Gaza, es muy posible que el debate interpares en La Haya deje algun rastro en la decisión final: dicho en otras palabras, es probable que algunos otros párrafos operativos de esta ordenanza se deban someter a la votación de los 15 jueces titulares (y de los dos jueces ad hoc designados por Sudáfrica e Israel).

Si bien los precitados párrafos 101-107 de la demanda de Sudáfrica (véase texto) constituyen, en nuestra opinión, una evidencia probatoria inobjetable sobre la intención deliberada de las actuales autoridades isralíes, es posible que algunos jueces busquen, por alguna razón, la manera de no darle la importancia que merecen estas escalofriantes declaraciones oficiales oídas en Israel desde el pasado 7 de octubre

Es de recordar que en una decisión anterior, relacionada esta vez a a la construcción de un muro en territorio palestino por parte de Israel, la CIJ adoptó su opinión consultiva (véase texto completo) en julio del 2004 con 14 votos a favor y uno solo en contra en varios de los puntos conclusivos detallados en el párrafo 163: la solitaria voz discordante fue la del juez norteamericano Thomas Buergental. 


A modo de conclusión

Leída una probable ordenanza de la CIJ ordenando un cese al fuego por razones humanitarias, Israel deberá entonces ponderar si se arriesga a no acatarla o si cesa sus acciones militares en Gaza. El descrédito generalizado de su accionar en Gaza ha ido en aumento desde el pasado 7 de octubre, y colocarse en abierto desafío al máximo órgano judicial dentro del organigrama de Naciones Unidas conllevaría consecuencias, en particular para algunos de sus aliados más cercanos.

En el caso eventual en que Israel desacate esta ordenanza de la CIJ que será leída este próximo 26 de enero del 2024, será entonces la comunidad internacional (Consejo de Seguridad y accesoriamente Asamblea General de Naciones Unidas en caso de veto norteamericano en el primer ógano mencionado), la llamada a idear un mecanismo para obligar a Israel a cesar sus operaciones militares en Gaza: las cuales, desde el 7 de octubre por la tarde / noche consisten, a modo de represalia por el ataque sufrido en su propio territorio el mismo 7 de octubre y perpetrado por el Hamás, en una acción punitiva colectiva en contra de la población civil de Gaza. Ello en abierta violación a las reglas más básicas del derecho internacional humanitario.

Desde un estricto punto de vista militar,  la "estrategia" de Israel plantea serias interrogantes, al no haber alcanzado ninguno de sus objetivos militares después de más de 110 días de intensos bombardeos en Gaza: los rehenes israelíes siguen sin ser localizados, escondidos en alguna parte en Gaza con sus custodios; al tiempo que los principales mandos militares del Hamás siguen en vida y su estructura militar pareciera resistir al asedio total que Israel inflige diariamente a Gaza con sus bombardeos. Los numerosos escombros de inmuebles en Gaza constituyen ahora escóndites muy útiles para los combatientes del Hamás en sus operaciones contra las fuerzas militares israelíes. Un especialista francés en asuntos militares y connotado comentarista, recientemente escribió en su blog que:

"La situation sur la bande de Gaza est parfaitement désespérante. D’un côté, le gouvernement israélien annonce régulièrement qu’il va enfin sortir de cette opération dévastatrice dont le bilan est parfaitement catastrophique. Mais dans la réalité, rien ne change à ce stade où chaque jour renouvelle son lot de bombardements qui dévastent littéralement la bande de Gaza.

/../

Dans la partie Nord, censée avoir été nettoyée (c’est le terme militaire) par l’armée israélienne, les unités de Tsahal sont régulièrement harcelées par des miliciens qui ont fait des décombres leur refuge. Dans la partie Sud, l’armée affirme vouloir réduire le « quartier général stratégique » du Hamas qui se situerait à Khan Younes, après avoir été vainement cherché à Gaza même puis sous l’hôpital Al Shifa, un QG fantôme qui ne justifie en aucun cas les bombardements opérés sur l’ensemble de la bande de Gaza.  

/.../

Si cette opération déclenchée par le gouvernement Netanyahou contre la bande de Gaza continue, le risque d’escalade régional est avéré et le risque pour l’avenir d’Israël est constitué. Il appartient aux alliés d’Israël et à toutes les sociétés qui comprennent que la paix ne se construit pas dans la vengeance, de l’obliger désormais à sortir de cette impasse sanglante et de construire sur ces décombres inutiles l’avenir et la stabilité de cette région" (Nota 3).

Con relación a medidas provisionales ordenadas por la CIJ y posteriormente ignoradas por un Estado, recientemente tuvimos la ocasión de observar  el irrespeto a las medidas ordenadas contra Rusia por parte de la CIJ en el mes de marzo del 2022, solicitadas por Ucrania (véase ordenanza del 16 de marzo del 2022). El conjunto de sanciones tomadas en contra de Rusia por no acatar lo establecido por el juez internacional interpelará probablemente a muchos en Europa, Estados Unidos y Canadá con relación a un eventual desacato por parte de Israel a la ordenanza de la CIJ de este 26 de enero del 2024.


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Nota 1: Véase BOEGLIN N., ""Gaza / Israel: a propósito de la reciente demanda interpuesta por Sudáfrica ante la Corte Internacional de Justicia (CIJ)", editada el 29 de diciembre del 2023 y disponible aquí.

 

Nota 2 Véase BOEGLIN N., "Gaza /  Israel: a propósito del  anuncio de remisión conjunta de México y de Chile a la Corte Penal Internacional (CPI)", editada el 18 de enero del 2024, y disponible aquí.


Nota 3: Véase ANCEL G."L’Ukraine oblige l’Europe à se réveiller tandis qu’Israël sombre dans le déni", Ne pas subir, Blog de Guillaume Ancel, édición del 20 de enero del 2024, disponible ici.